L’association Addictions France tire la sonnette d’alarme sur le « matraquage publicitaire ciblé qui pousse à la dépendance ». Durant l’Euro 2020, les opérateurs de jeux d’argent ont multiplié les actions marketing pour inciter le public à parier. Pour l’association, des mesures efficaces sont de mise pour mieux réglementer les publicités sur les jeux d’argent.
Des publicités pour tout public
Le Covid-19 et son corollaire, le confinement, ont constitué un terrain propice à l’essor des jeux d’argent. Le succès s’enchaîne avec la reprise des célèbres compétitions sportives notamment l’Euro 2020. Les opérateurs redoublent d’efforts pour séduire la clientèle et couvrent tous les supports de leurs offres promotionnelles. Addictions France s’inquiète devant ce phénomène qui pourrait toucher les joueurs vulnérables et présenter plus de risques d’addictions.
L’association pointe du doigt les publicités dans les transports en commun qui s’adressent à tout public : adultes, adolescents, enfants. Il en est de même pour les spots diffusés à la télévision ou les affiches dans les rues. « 40 % des affiches publicitaires dans les stations de métro à Paris et petite couronne et plus d’un quart des publicités télévisées avant les matches de foot de l’Euro et pendant la mi-temps sont des publicités de jeux d’argent », affirme l’organisme.
Addictions France alerte également sur les messages véhiculés. Les bookmakers sous-entendent dans leurs contenus marketing qu’un pari est nécessaire pour apprécier un match. Certains proposent des promotions sous forme de bonus. D’autres utilisent le marketing émotionnel comme la publicité « Tout pour la daronne » de Winamax. Et à l’association de souligner que bon nombre de spots ciblent des jeunes des quartiers populaires. Les entreprises de paris sportifs font miroiter les mises comme une potentielle source importante de revenus.
Une loi Evin pour une meilleure réglementation
Pour Addictions France, la situation est critique. Les chiffres publiés par S.O.S Joueurs sont alarmants : 70,3 % des joueurs (tous jeux d’argent confondus) font l’objet d’un endettement auprès des banques. L’association luttant contre l’addiction au jeu précise que l’Autorité nationale des jeux n’a pas les prérogatives pour interdire ou retirer des publicités. Son rôle ne repose que sur le contrôle.
Addictions France préconise donc le renforcement des mesures de contrôle et appelle les parlementaires pour l’adoption d’une « loi Evin pour le jeu ». La loi Evin concerne notamment les restrictions des publicités sur le tabac et l’alcool. Les mêmes dispositions pour les jeux d’argent permettraient d’interdire la diffusion des publicités sur des supports vus par des mineurs. Cette loi interdira les affiches publicitaires autour des établissements scolaires, des universités et des complexes sportifs. Pour l’association, cette législation permettra aussi de mieux encadrer les offres promotionnelles et de proscrire les messages subjectifs « liés au plaisir unique de jouer, à la fête, aux dons issus des gains ».
De nombreux pays ont établi des restrictions sur les publicités sur les jeux d’argent à l’instar de l’Espagne, de l’Italie et de la Suède. L’objectif étant de renforcer la protection des joueurs.