Selon les experts, l’Espagne compte actuellement le plus grand nombre de personnes victimes d’addiction au jeu en Europe. Face à ce constat assez alarmant, le gouvernement espagnol a décidé de limiter les campagnes publicitaires liées aux jeux de hasard.
Un véritable fléau en Espagne
Selon le psychologue Marta Nadal, une experte des addictions, « le jeu est une addiction sans substance toxique et fonctionne comme une échappatoire ». Ces dernières années, le nombre de salles de jeu a fortement augmenté en Espagne, entraînant une hausse du chiffre d’affaires de 400 %. Les joueurs investissent plus de 4 milliards d’euros en moyenne dans les paris en ligne chaque année.
L’analyse des problèmes de jeu constitue la meilleure façon de lutter efficacement contre ce phénomène. À l’instar des autres comportements addictifs sans substance, le jeu compulsif ne permet plus aucun contrôle. Et ce en dépit d’être pleinement conscient des effets nuisibles sur son existence toute entière (psychique, physique, familial, social, professionnel). De nombreux parieurs vont même jusqu’à s’endetter pour satisfaire leur amour du jeu. Malheureusement, les proches en sont les principales victimes.
Mais ce n’est pas le plus inquiétant. 13,6 % des mineurs espagnols auraient déjà parié, surtout les paris sportifs en ligne. Les 15-34 ans sont les plus concernés selon les statistiques officielles. Cette tendance préoccupe aujourd’hui les parents et les autorités. Ces derniers commencent à peine à constater ce phénomène et à réagir en conséquence.
À Barcelone, la mairie ne fournit plus d’autorisation pour l’ouverture de nouvelles salles de jeux. Dans la région de Madrid, les opérateurs de jeux n’ont plus le droit de parrainer des équipes sportives. D’autre part, les établissements de jeux doivent se trouver à 100 mètres minimum des écoles et des centres éducatifs. En plus, les publicités sont uniquement autorisées entre 1 h et 5 h du matin, tous supports confondus.
Ceux qui ne respectent pas ces nouvelles règles sont sanctionnés d’une amende allant de 100 000 à 1 000 000 euros. Bien évidemment, ce décret royal a suscité une vive polémique, notamment chez les opérateurs de jeux de hasard.
En ce début d’année 2022, le gouvernement espagnol souhaite mettre en place un nouveau projet de loi. Ce code est soumis à la consultation publique et vise à renforcer la protection des joueurs.
Une tendance devenue planétaire
Malheureusement, les problèmes de jeu vont bien au-delà des frontières espagnoles. Depuis près de 3 siècles, l’industrie du jeu présente une dimension socio-économique. Elle crée de l’emploi et génère des recettes fiscales. Mais surtout, les jeux d’argent et de hasard tiennent une place essentielle dans la vie quotidienne. La population de joueurs dans les sociétés occidentales se chiffre aujourd’hui en millions.
En Europe, les citoyens sont autorisés à parier en ligne. C’est le cas des paris nationaux ou transnationaux, comme l’EuroMillions ou Vikinglotto en Estonie et en Scandinavie. En France, les jeux de loterie (grattage ou tirage) sont, de loin, les plus pratiqués. Plus de la moitié des Français s’y adonnent. Les paris sportifs viennent juste après, soit 11 % des joueurs.
Quoi qu’il en soit, chaque État membre de l’UE possède sa propre législation nationale. Celle-ci définit les règles et les types de jeux d’argent autorisés. Elle fixe aussi la limite d’âge, le statut/la taxation des opérateurs, ainsi que les spécificités des machines et des jeux.
Les jeux de casino en ligne connaissent également une forte croissance, surtout avec la crise sanitaire et les confinements à répétition. En 2020, les dépenses afférentes aux jeux d’argent sur le Net (avec ou sans bonus) ont augmenté de 27 % environ, par rapport à 2019.