Les procureurs travaillent depuis 2 ans pour comprendre le déroulement de cette fraude financière survenue chez Wirecard. Aujourd’hui, ils dénoncent les agissements de Markus Braun, ancien PDG de la société. Il n’est pas le seul cadre impliqué dans cette affaire de tromperie qui entoure Wirecard.
Une escroquerie de haut vol
Markus Braun est devenu PDG de Wirecard en 2002. À l’époque, ce nom représentait une société prospère avec un avenir radieux. Toutefois, elle dépose un dossier d’insolvabilité en 2020. En juin de la même année, la police arrête Braun qui ne cesse de clamer son innocence depuis. Il affirme être victime et se retrouver totalement démuni suite à l’effondrement de Wirecard. Aujourd’hui, les procureurs le soupçonnent d’abus de confiance, de fraude et de manipulation de marché et comptabilité.
Selon l’enquête, ce dirigeant savait depuis 2015 que Wirecard était en faillite. Cependant, il a autorisé la publication de chiffres qui présentaient une image faussement prospère de l’entreprise. En outre, en 2020, Braun a affirmé qu’un audit externe permettrait d’assurer la stabilité de Wirecard. Toutefois, il n’a jamais remis les documents nécessaires pour un contrôle effectif.
Enfin, il semblerait qu’il ait caché quelques actifs, avec l’aide de sa sœur et de sa femme, pour se mettre à l’abri du besoin. Il risque 15 ans de prison si la Cour le déclare coupable.
Par ailleurs, il a falsifié des documents avec la complicité de 2 autres cadres. Stephan von Erffa et Oliver Bellenhaus ont contribué à sortir ces faux résultats. Les 3 collaborateurs ont signé des livres sur lesquels des sociétés associées inexistantes affichaient d’excellents chiffres.
Stephan von Erffa est l’ancien directeur financier adjoint du groupe et responsable de la comptabilité. Le dossier rapporte également que ces dirigeants ont contracté une dette de 3,1 milliards d’euros auprès des investisseurs. Tout cela, alors qu’ils savaient depuis 2015 que l’entreprise allait déclarer faillite tôt ou tard.
Le cabinet d’avocats qui défend Braun estime que l’accusation ment pour donner une mauvaise réputation à son client. En outre, selon eux, le dossier comporte des lacunes.
Wirecard : une entreprise à fort potentiel, mais trompeuse
Wirecard se propose de devenir un incontournable dans le domaine du traitement des paiements en ligne. Les experts ont estimé sa valeur à 23 milliards d’euros à son époque la plus faste, en 2018. Toutefois, des irrégularités ont commencé à apparaître en 2019.
Le Financial Times publie alors l’existence d’un trou de 1,9 milliard d’euros dans les caisses de l’entreprise. Il s’avère plus tard que Wirecard n’a jamais détenu une telle somme. Ce constat est établi après un audit effectué par le cabinet Ernst & Young.
Les dirigeants ont camouflé les résultats désastreux de Wirecard afin de gagner la confiance des investisseurs. Ils ont réussi à duper des clients, mais aussi des partenaires commerciaux. En l’état actuel des choses, l’entreprise a englouti au moins 1,7 milliard d’euros. De surcroît, elle a entraîné la chute d’autres sociétés. Des banques qui lui ont accordé des crédits importants se retrouvent en difficulté à cause de ces agissements frauduleux. Jan Marsalek, l’homme chargé des opérations asiatiques de Wirecard, est en fuite.
Les procureurs allemands ont établi un dossier de 474 pages pour exposer tous les faits. Ils y expliquent le déroulement détaillé de cette escroquerie de grande envergure.