La période de confinement a entraîné différents impacts sur le secteur des jeux d’argent et des jeux de hasard. Si les casinos terrestres ont été fortement touchés faute de clients, les sites de jeux ont eu le vent en poupe. Cette période n’a pas été sans conséquence sur les joueurs, notamment ceux qui ont des problèmes d’addiction. Selon la Gordon Moody Association, organisme de soutien aux personnes dépendantes du jeu au Royaume-Uni, le nombre de demandes d’assistance a beaucoup augmenté durant le confinement.
Croissance exponentielle des demandes de soutien
Si bon nombre de personnes se réjouissaient de rester en sécurité à la maison durant le confinement, pour d’autres c’était une véritable épreuve. Au cours d’une interview accordée au Guardian, La Gordon Moody Association (GMA) a confié que le nombre de joueurs problématiques qui les ont contactés pendant cette période a augmenté de manière exponentielle. Du mois d’avril à juin, l’organisme avait enregistré 1 000 interactions avec des joueurs atteints de trouble de jeu. En temps normal, les personnes qui demandent assistance étaient en moyenne au nombre de 30. Au plus fort du confinement, 5 personnes par jour exprimant des pensées suicidaires ont appelé l’association. Le nombre de jeunes et de femmes demandant des conseils ou un traitement a particulièrement augmenté. « Nous pensons que la réalité est que ces chiffres pourraient encore être les premiers signes de la tempête », a déclaré le directeur général de la GMA, Matthew Hickey. Selon toujours ce dernier, ces appels provenaient généralement d’anciens résidents ou bien de personnes qui envisagent de demander de l’aide.
En effet, la GMA fournit depuis près de 50 ans des programmes de traitement résidentiel aux joueurs les plus gravement dépendants au Royaume-Uni. L’organisme de bienfaisance possède deux centres de traitement résidentiels, ce sont d’ailleurs les seuls établissements résidentiels dédiés uniquement sur la dépendance au jeu dans le Royaume-Uni. L’association assure également une assistance spécialisée en ligne.
GamCare, un organisme caritatif qui œuvre également pour les personnes affectées par la dépendance au jeu explique cette situation par l’isolement et le stress durant le confinement. « Nous savons que les dépendances, et les problèmes de jeu en particulier, peuvent être aggravées par des sentiments d’isolement et de détresse qui ont été aggravés par le confinement », indique Anna Hemmings, directrice générale de GamCare.
Les taux globaux de jeux diminuent, les activités des joueurs augmentent
Le nombre de comptes de joueurs actifs ont sensiblement diminué de 5 % entre mars et avril selon l’enquête YouGov. Par ailleurs, le confinement n’a pas attiré un nombre important de nouveaux consommateurs pour les jeux de hasard. Cette baisse est notamment due à l’annulation des compétitions sportives. Néanmoins, si les taux globaux de jeu ont diminué durant le confinement, l’activité des joueurs réguliers a par contre augmenté, les revenus des casinos en ligne ont également augmenté. Ladbrokes, important bookmaker au Royaume-Uni, a affirmé que les revenus nets du 2è trimestre ont chuté de 22 %, cependant les revenus des paris en ligne ont augmenté de 20 %.
Les études publiées en mai par la Commission des Jeux de Hasard du Royaume-Uni confirment ce constat. Si les paris sportifs ont connu une baisse significative de 31 % durant le confinement, l’utilisation des jeux de casino en ligne entre autres les machines à sous, le poker et les sports virtuels a augmenté de manière considérable.
D’autre part, près des 2/3 des joueurs dits « engagés », qui dépensent de l’argent sur 3 produits de paris ou plus par mois, affirment qu’ils ont passé plus de temps ou dépensé plus d’argent selon les données recueillies par YouGov.
Face à cette situation, la GMA estime qu’une étude plus approfondie du je problématique pourrait aider à réduire la stigmatisation qui empêche les joueurs dépendants d’accéder à un traitement.