S’il existe une figure atypique du milieu du jeu d’argent illégal, c’est bien Myron Sugerman. Celui qu’on considère comme le dernier « gangster » juif mouillait dans le trafic de produits illicites en tout genre, dont les machines à sous.
Maintenant âgé de 85 ans, l’homme a livré quelques confidences croustillantes dans le cadre d’un documentaire titré « The Last Man Standing ». Retour sur la vie cet ex-mafieux haut en couleur.
Débuts dans le business familial
Myron Sugerman est né en 1938 à Newark, dans l’État du New Jersey, d’une famille de gangster. Son père Barney Sugermen, Sugie pour les intimes, opère dans le secteur du divertissement depuis la Prohibition des années 20.
Le business familial s’occupe de contrebandes, de rackets, de jukebox, mais surtout de machines à sous. En somme, l’activité classique de la mafia juive du New Jersey. À l’époque, les machines à sous étaient encore interdites.
Myron est propulsé dans le business à l’âge de 21 ans sous la houlette de son père. Authentique gangster, celui-ci travaille lui-même pour le célèbre Meyer Lansky, boss du crime organisé new-yorkais. Fraichement diplômé de l’université, son appétence pour les langues joue alors en sa faveur. Il est envoyé en Europe pour mettre en place un « business d’exportation ».
Contrebandier de machines à sous
Myron Sugerman devient vite doué pour vendre et implanter des jeux d’arcade et des machines à sous à travers l’Europe, les États-Unis et le reste du monde. Au fil du documentaire, il se décrit comme « le plus grand contrebandier » de machines d’arcade.
Son talent lui vaudra de côtoyer des familles mafieuses autrement plus dangereuses comme les Genovese, La Corporacion ou encore les Yakuza. Comme il l’avoue lui-même : « j’ai toujours fait en sorte de faire des affaires à la loyale et de m’assurer que tout le monde y trouvait son compte ».
Après le renforcement des lois pour lutter contre le transport de marchandises illicites en 1963, par exemple, il décide plutôt de les acheminer en pièces détachées pour les assembler plus tard.
Il faut dire que les jeux de hasard avaient un rôle capital pour la mafia. En plus d’être une source de revenus colossale, ils permettaient de blanchir l’argent obtenu de leurs autres activités peu recommandables.
Entrepreneur à ses heures perdues
Car l’une des qualités du gangster est l’opportunisme, Myron n’échappe pas à sa nature. D’une certaine manière, on peut dire qu’il continue toujours son bout de chemin dans une aventure qui a débuté 60 ans plus tôt.
Il est notamment l’auteur d’un mémoire : « The Last Jewish Gangster : From Meyer to Myron ». Le mafieux y revient sur sa carrière de hors-la-loi dans le milieu des casinos et des jeux d’argent illégaux. Il y distille de généreux détails sur son temps comme étant l’un des boss du jeu illégal aux États-Unis. Un témoignage de première main.
Dans cet ouvrage de 300 pages, il n’hésite pas non plus à donner, ici et là, quelques conseils de vie. Il y trace notamment la ligne entre risque calculé et jeu problématique, tout en divertissant ses lecteurs de ses anecdotes.
Bien sûr, la vie de Sugerman n’a pas été de tout repos. Le vieux gangster a déjà fait face à la justice, avec 19 mois de prison à son actif.
Actuellement, il passe sa semi-retraite dans sa maison de Mont-Clair, dans le New Jersey, aux côtés de son épouse Clara, avec laquelle il a eu trois fils. Il est maintenant l’heureux grand-père de 8 garnements.